Alors que j'installais de nouveau mon cul dans mon studio francilien, après quelques sudisteries niçoise. Je passais deux jours à subir la pluie sans me connecter sur mon site échangiste.
Ainsi, toute neuve de chattes et de bites, comme l'on fait une détox pour mieux s'empiffrer, j'y revenais avec l'espoir vain d’amerrir sur de doux messages.
C'est à ce moment précis qu'un couple comme il faut, m'assénait un coup :
- Bonjour, Nous sommes un couple, parisien, dominant les deux, dont femme bi, les deux blanc français, non fumeur les deux. Nous recherchons une femme, bi, soumise réelle, éduquée, obéissante, motivée, non fumeuse, sans trop de tabous ni limites, disponible régulièrement. Nous sommes disponibles ce soir, Jeudi 30 mai, on reçoit ou on se déplace. Et toi es tu disponible et intéressée ?
Outre le fait que ma fiche invite à la soumission autant qu'un char d'assault à la paix dans le monde , je m' étonnais de cet empressement à se définir comme des Caucasiens avant que d'être. Je répondais vertement que je n'étais pas blanche, pas soumise, pas motivée, pas disponible et que leur ménage à 3 ne se ferait pas avec moi dans le rôle de la bonniche, façon porno aryen.
Je pensais ainsi avoir couper court au dialogue, quand soudain la réponse fusa:
- Tu es relativement blanche, soumise sûrement c'est une éducation, un savoir vivre plus de la motivation, bon après on ne te force en rien si tu n'as pas envie d'apprendre.
La relativité de ma blancheur m'avait jusqu'alors échappé tant on jauge ma sexualité à l'aune du bridé de mes yeux et ce couple d'abrutis relevait alors d'un racisme qui n'avait rien d'ordinaire, comme au bon temps des colonies....
Je leur indiquais qu'ils étaient « relativement racistes » et m'étonnais de ma compassion pour cette fin de ligné 1er premier cru classé
Mais, loin de lâcher l'affaire, le susdit couple m'enterra vivante en quelques mots :
- Ah d'accord, et ben nous on aime pas être jugé sans être connu, nous ne sommes pas racistes, nous sommes propriétaires d'une soumise noire africaine de 28 ans
Je me savais propriétaire d'un stylo quand d'autres ont un trois pièces sur les Champs, mais le terme ainsi lancé avait un relent d'esclavagisme séculaire que je croyais disparu sous nos contrées courtoises.
Je restais coite, un filet de bave à la commissure des lèvres et mon appétence pour les insultes, qui jusqu'alors m'avait fait batailler avec des incongrus de tout poil, s'en trouvait vide malgré moi.
Sachant, pour avoir passé ma jeunesse dans un PMU où certains sévissent en ces termes, que je dialoguais avec l’aristocratie de la connerie. Il était vain d'enrichir la conversation, sous peine de les ensevelir dans les méandres de leur ignominie crasse, sans qu'ils bougent un sourcil
Pour autant, ils me rappelèrent que j'étais trop jeune pour comprendre, ce que je ne relevais pas, trop heureuse de ma jeunesse éclairée. Quant à ces quadras d'un autre temps, ils finissaient par m'achever en indiquant sur leur fiche « rien n'est obligatoire mais tout est possible... »
Sur ce, je vous laisse, j'ai protocole commotion pour insulte à l'intelligence dans l'exercice de ses fonctions
Chère Rainbow Rowena (!),
Votre "prosétique" me met toujours un petit sourire aux lèvres.
J'aime votre ironie douce-amère, vos aventures désabusées et pourtant toujours renouvelées sur notre marché aux bestiaux préférés.
Parfois d'ailleurs je m'attriste un peu, mais tout seul - et au fond pour vous ça n'est peut-être pas si triste - d'une telle désillusion si précoce, à l'heure et à l'âge où, selon la croyance commune, le désir devrait vous pousser aux excès sans lendemains et aux expériences sans regret. Je vais "jouer le vieil habitué" : j'avoue que ce que vous exprimez, sous vos mots, me touche.
Il y a bien plus d'esprit, de légèreté chez vous, à travers les méandres de cette luxure dont vous êtes…