Du libertinage sur site
Il semblerait que certains libertins se voient garants de la communauté et appelle à dénoncer tout ce qui ne se range pas sous pavillon normé... Que l'on s'acharne sur quelques faux profils passe encore mais l'appel à la dénonciation, pour un désaccord "libertinophile" semble plus proche de la Gestapo du sexe que de la bienveillance qu'on est en droit d'imaginer sur une aire de cuissage. Je reçois moult messages, dont la teneur me laisse abusée. On me voudrait salope, chienne ou pute et parfois des mots doux m'invitent au voyage dans quelques Yachts ou parkings improbables. A ces linguistes du cul j'oppose mon ignorance, il n'est d'autre réponse à ces viles volontés que d'être lettre morte. Il en est pourtant qui s'acharnent à ferrailler avec leur contraire, pour le plaisir très français, d'enfiler les insultes. Tels des alcooliques au coin du zinc, ils s'épuisent à la tâche et s'escriment dans la haine jusqu’à se bannir l'un l'autre, la bave aux lèvres et le clic assassin. Puis non contents d'emmerder les modérateurs dépassés, ils organisent des battues en public pour dégommer l’outrecuidant, avec en guise de chien, leurs adeptes les plus fervents. Trouver son semblable dans ce bordel à ciel ouvert est un jeu fort sympathique, mais occuper la scène à d'obscurs combats d'arène pour n'apercevoir que des collègues de cul dans son viseur, me laisse à penser que certains épingleraient volontiers la francisque à leur veston. En dernier lieu, je vais vous narrer une histoire vraie: il était une fois un couple dont l'avidité à s'aimer n'avait d'égale que les orgasmes qu'ils prodiguaient aux dames. Les coquines en rut se voyaient toutes émues à l'idée qu'ils les gâtent. Joyeuses et solitaires, elles se ruaient sans vergogne dans leur lit de soupir. Un jour un abruti (on le nommera ainsi, le bougre ayant usé de son anonymat) jugea qu'il ne serait en être ainsi, n'étant pas invité aux orgies plébéiennes que les deux amoureux offraient à leurs prêtresses. De sa plume la plus raide (ce fut bien là sa seule érection), il écrivit aux agents assermentés qu'il ne saurait y avoir un tel brouhaha aux portes de sa couche et qu'il était en droit de clore cette infamie. Il faut dire aux lecteurs que les tourtereaux en question avaient comme qualité d'être tous deux des hommes et que, bien que cultivant les plaisirs sodomites, ils n'en étaient pas moins excités par de jolies gazelles. Le juge visant à la réputation du site, décida tout de go qu'il ne saurait y avoir deux mâles sur un profil de cœur et avisa les deux incendiaires de remédier à ce tohu-bohu sous peine d'être exclus de facto. Ils eurent beau s'escrimer à dire leur bienveillance, ils n'eurent comme seul et unique choix que d'être deux en un et de s'afficher dorénavant en célibataire endurci. Dès lors, les demoiselles s'invitent en leur tanière sous une forme infidèle à leur statut sexuel, quant aux couples bien genrés, ils peuvent dorénavant tripoter leur semblable sans soucis d'imbroglio pelvien. La morale de l'histoire est qu'en notre bas monde, il vaut mieux être con et "bitophobe" que libre et conquérant.
Les athées regroupés formèrent une religion plus intolérante que toutes les autres