Libertinage sur site
Les corps se multiplient et s'étalent comme au souk, on y marchande sa chair, enflammant les écrans de tous les artifices. On voit des truculences vulgaires, parce que besoin d'un trou. Alors les corps sont crus, les jambes écartées et les queues enfoncées. Il faut dans ce cas-là, dépasser la nature et porter la violence d'un porno violacé en gros plans saturés. Le bon goût du bourgeois s'en trouvera démuni face aux talons trop hauts, aux résilles marquées sur une jambe un peu ronde ou au string fendu sur une vulve qui suinte. Ça mouille, ça bande et fait gang bang. On cagoule les visages pour laisser place au cul, seule émotion valable de cette pornocratie. Dans d'autres paysages, celui des bien-baisants, on s'attache aux couleurs ou mieux au noir et blanc, divulguant sous contrôle les corps dans leurs beautés. Souvent trop raffinée, la peau est déguisée de tous les bénéfices que la photo permet. On rase et on retouche, les ombres délicates ajustent les défauts. On s'affiche, le muscle saillant et le ventre creux en des poses sensuelles sachant montrer l'atout qui fera saliver sans pour autant voir l'objet qui, in fine, servira à baiser. Ces gens-là se veulent chics, d'un érotisme sain comme un relent freiné dans une soirée mondaine Y-a les originaux où ceux qui croyaient l'être, s'encordant en shibari multiples sans plus de naturel qu'un gigot ligoté. Sans oublier les amoureux des squats, abandonnant leurs corps au béton tagué d'un entrepôt vandalisé. On voit aussi des nouveaux riches s'affublant de berlines rutilantes, de piscines azurées et de bains bouillonnants. Leur ciel est toujours bleu, la terrasse au beau fixe et les corps bronzés. Les seins parfois gonflés par excès de silicone se tiennent souvent droit quand la dame couchée s'essaie à son transat. Ces corps sont ronds, fins, lourds ou bien fuselés. Ils ont l'âge de leurs plis, de leur enfantement, des lipides accumulés ou des sports pratiqués. Rêvant d'une jeunesse éclairée qui les a fuis, ils médisent parfois sur celles qui à vingt ans écœurent de ne pas être trop usées. Un jour, pourtant, elles seront bien fanées et jureront pareil que ces quinquagénaires. En attendant, elles se montrent bien trop et narguent les ridules comme on chante aux fenêtres. Et puis il y-a les pines qui bandent et qui rebandent, qui n’arrêtent jamais, dans le vide et pour rien, sinon pour affirmer qu'elles mettent du cœur à s'ériger, qu'elles attendent une femme qui ne viendra jamais. Comme un essaim d'abeilles, elles fourmillent par milliers, se piquant d'être longues, épaisses et performantes. Ça file droit vers le ciel à la perpendiculaire du ventre, comme des buildings pelviens. Une ville toute en bite où surnagent quelques nœuds. Quant à moi je patauge dans des chromas bizarres, putassiers sur les bords, pour vanter ma jeunesse arty aux yeux des mâles en rut. Derrière mes miches façon tête de gondole, je cache mes complexes. Trouvant plus belle que moi, je m'énerve ou m'excite derrière mon computer, attendant le jour vain où je serai libertine sans que mon cul s’abîme des contorsions visuelles que je lui fais subir pour qu'il me satisfasse.
con sans sommation, heureusement que dans mes filtres de recherche je ne vois pas ces forêts de bites, je vois autre chose que tu décris bien...
Le regard que tu portes sur les mâles mateurs en rut est un peu rugueux. Il peut être vrai. Mais avant d'être érectile, le libertin peut aussi être gouteur de courbes photographiques, se délecter des mots pornographiques, sentir les effluves qui monte des étuves de plusieurs corps qui bouillonnent... Je ne me retrouve nullement dans le portrait que tu traces. Mais au final peu importe, il est assez réaliste.