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J'ai passé l'an

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021


itinéraire libertin et conjoncture

Il y a un an, j'arrivai dans la fièvre moisie d'une pandémie mondiale, alors que confinés, nous espérions vaguement que ce virus abscons ne tiendrait pas l'été. Je n'avais pas vingt ans et je voulais vaquer dans d'orgiaques secousses où les mœurs légères offrent du sexe en sus. Trois mois d'enfermement me laissaient fort contrainte et freinaient mes désirs. Je marmonnais mes rêves à qui voulait l'entendre, attendant le départ d'une course aux excès, telle une fieffée pouffiasse à l'aube de soldes monstres. Les beaux jours me firent jouasse, je paradais du cul, faisant bander binious et inonder culottes. Je remplissais mon quota de ferveurs extatiques et d'orgasmes ronflants en un été frivole. Je me fichais de tout, des chibres trop bavards, des couples dissonants, des pétasses à micheton, pour dégotter douceurs au creux d'un four à baise. On me voyait vanille dans ce cloud pornophage où tout est érection. J'aimais être bien jeune pour ceux qui pensent savoir, m'ordonnant de les croire quand ils me voyaient simple et sans ambiguïté. Je laissais mes passions brûler jusqu'en septembre puis refermais ma porte à l'horizon soudain d'un nouveau cloisonnement. Dès lors, je pris ma plume pour m'armer d'un soleil et cramer les âneries qui ornent cette enceinte. Je regardais de près ce fascisme sexuel qui fait des corps ingrats des exclus du conclave, tous ou presque assoiffés par l'urgence d'un corps glabre, d'une jeunesse éternelle et d'expériences passées. Ces nazillons du sexe effaçaient l'imprévu des cœurs tremblants d'émoi, les gestes maladroits des nouveaux arrivants et les prolos rétifs à payer leurs entrées pour quelques nuits fanées Vint le froid de novembre où l'homme cache son membre et mes soirées pubiennes se firent en solitaire. De ce vide incongru surgirent des inventions, claironnant mon passage en quelques actes foutraques, m’associant aux malins pour créer du vivant là où il n'y a qu'écran. Je n'échangeais des mots qu'avec les magiciens, l'absurde en bandoulière pour ne prendre au sérieux que les plus fous d'entre eux. Aujourd'hui, joviale et carnassière je m'invente pour demain, m'assurant qu'un beau jour, je renaîtrai comme d'autres, aux balbutiants plaisirs des rencontres folâtres, gesticulant des miches pour affoler l'Alfred. En attendant, je piaffe dans un nid de béton et vise par la fenêtre les rayons du printemps.



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