Une vague histoire
Dans l'outremer de tes yeux, un jeu de billes disgracieux, je vois mon sourire de guingois trompé par tes larmes de roi. Ton nez de buse m'indique le sud aux heures où l'ombre s'abrite sous ton pif. C'est pas bien beau quand ta bouche fait des O, surprise par un baiser que je voulais léger. Tout ton corps bat de l'aile à force de lipides et je m'agrippe aux bouées que forme ton bassin. Je suis comme un roseau sous ton poids de taureau, j'ai l'estomac exsangue sous le joug de ton membre. Couché sur moi comme un phoque sur mon ventre, tu récupères et parfois tu suffoques. Tu te relèves et tes mains engourdies tirent mes cheveux étalés sur le lit. Ton bel organe, une voix de baryton qui se voudrait ténor d'une authentique passion laisse mon cœur froid comme une fille de joie. Il fut un temps où tu étais boxeur, d'un coup de rein tu me donnais l'onction, une délivrance à chaque collision. Ne reste plus que tes poings sur ma face quand fouettée par les verges d'une disgrâce je me trouvais être ton vertige et démon. Je suis partie loin de toi et j'offre maintenant mon cul pour la nuit à ceux qui m'aimeront sans lendemain. Ils me prennent parfois pour une reine quand ils croient voir sur ma peau une marque qui n'est pourtant que ton sceau. Un couteau qui a tranché mon paletot pour s’arraisonner dans mon dos. Un geste fou d'où je renais voyante, le regard fier de cette liberté de ne plus jamais être ta possédée.
Peinture Pablo Picasso (détail Guernica)
Elle est belle votre armure, toute habillée de larmes