En général, les questions de morales sont plus que normalisées par la majorité. On parle de fidélité, de respect, de cadres, de traditions. Des morales formatées pour q une société convaincue que les valeurs judéo-chrétienne et républicaine sont parfaites.
Chez les libertins, ça frotte, beaucoup se voient comme décalés, décadents, libertaires ou simplement anticonformistes. Ils se défendent des vieux marqueurs sociaux pour d'autres dogmes, moins sectaires et plus à même de satisfaire leur liberté sexuelle. Aujourd'hui, par l'entremise des médias, ce mode de vie attire de plus en plus de gens, plus vraisemblablement pour s'assurer une sexualité plurielle que pour penser cela politiquement. Reste que ce melting-pot de bites et de chattes, mis en avant sur des sites spécialisés, ne fabrique plus une communauté, mais une population vagabonde qui ne s'entend plus.
Les tenants de la tradition nous invitent au respect. Définition complexe quand des inconnus sont prêts à se tripoter en club ou en sauna sans parfois avoir même échangé. De même quand les fantasmes se réalisent en si peu de temps ou que le nombre fait gang-bang ou partouze. Les plaintes sont nombreuses et il ne pourrait en être autrement quand on frôle de si près l'instinct brut du désir.
Pourtant, ici comme ailleurs, le consentement semble irrévocable, mais flirt dangereusement avec les pulsions de quelques-uns qui n'auraient pas compris qu'un individu libéré n'est pas pour autant un « prêt à tout » avec tout le monde. La tension est là, se retenir quand tout est soi-disant permis…Cette permissivité aux frontières balisées, mais située dans un monde qui pactise régulièrement avec une pornographie qui rend trouble le libertinage. Parce que les pornos imaginent que l'on peut se passer d'accord quel qu'il soit, certains le pratiquent dans le réel et se faufilent ici, jusqu'à parfois violer. Probablement pas plus ici qu'ailleurs, mais dans une proximité qui rend malheureusement coupable la personne souillée. Comment n'ai je pas vu ? Comment quelqu'un comme ça peut être ici ? Est-ce que tout ce monde-là n'est qu’esbroufe ? Ma liberté sexuelle est-elle dangereuse ? Tant de questions insupportables. Difficile de rester ici bien longtemps, tant les rencontres se suivent et nous amènent à la confusion. À nous défendre autant qu'à profiter, jusqu'à se demander si tout ça n'est pas malsain. Il faut une volonté, une lisibilité, une assurance et une expérience à tout épreuve pour échapper aux coups fourrés.
Ne me parlez pas d'avant, quand quelques centaines de libertins batifolaient. Le nombre est là aujourd'hui et ce n'est ni bien ni mal. Seulement, ce qui était le fait d'une minorité libertaire s'est transformé en liberté capitaliste où la sexualité n'est rien d'autre qu'un moyen de faire du fric sans règle ni morale. Ne restent que des membres solidaires dans une arène d'abonnés payants dont on se fout. Et si tant d'entre eux se demandent, presque bêtement, qui est un vrai libertin, c'est parce que les repères n'existent plus. Autant pour le désir que dans nos vies interconnectées qui turbinent à la mondialisation. C'est dans cette brume intellectuelle qui n'a plus d'évidence que nous piaillons pour en trouver une.
Ne nous restent que quelques certitudes intimes que nous partageons au gré du vent. Ne cherchez plus le vrai du faux, mais plutôt celui qui navigue dans les mêmes eaux troubles que vous et pas dans la mare d'à côté. Il n'y a plus de villages, mais des villes monstres qui sentent le sexe. On y cherche une niche où bien s'aimer, sinon chacun sa merde et adieu vat.
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