Du libertinage sur site
Par la fenêtre, on voit quelques badauds allant aux provisions. La chair est triste au mois d'octobre où camouflée sous des manteaux ne respire que la bouche. Encore nue de la veille, je me sens soudain seule et juge que mon cœur frêle mériterait un amant. Du parc alentour on voit le squelette des chênes, aux pieds desquels s'agitent une orgie de feuilles sèches Pourtant la nuit fut chaude à l'instant où ma main s'émancipa soudain, glissant sur ma peau claire jusqu'au creux de mes reins et par le prompt renfort de jouets appropriés, éclaira mon corps fatigué d'un élan de cyprine. Avant de fuir mon antre, je me connecte au site plein de ces bruits de sexe qui ornent l'interface. Il est question de rendez-vous et d’alcôves sensuelles autant que de verges étêtées qui déambulent sans cesse autour de mon profil, formant comme un diadème au fronton de mon crâne. On me voudrait lubrique et innocente, telle une muse trop soumise à son riche créateur et je n'ai à offrir que mon sourire de glace à ces propos poudrés émergeant d'un autre âge. Je rêve d'un amour fou ne durant qu'une nuit, un plaisir innommable tellement il irradie, incendiant tout mon être jusqu'à l'aube silencieuse. Hurlant jusqu'au martyr de ne jamais cesser, j'y perdrais tous mes sens jusqu'aux larmes de joie qui s'échappent parfois au creux des orgasmes fragiles. La pluie chaude d'une douche relaxe mes désirs et j'imagine ma peau collée à un obèse aux poils épars, juste pour faire fuir la cohorte arienne, adepte des corps glabres et musclés. Dans le métro bondé, je suis la proie facile d'un beau regard de femme. Si elle me dévisage c'est peut-être par haine mais je préfère y lire l'échange bref et ludique d'un message de tendresse. Dans la foule chaotique me reviennent en mémoire les paroles d'Aragon « Est-ce ainsi que les hommes vivent et leurs baisers au loin les suivent » alors qu'avec leurs masques bleus, pincés aux narines, les passagers semblent se rendre à l'abattoir. Je sors de la rame, enduis mes mains de gel, oublie jusqu'au néant mes aventures passées et vise l’acmé à chaque instant. La journée peut commencer.
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